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Musiquer: une fenêtre ouverte sur le monde pour les jeunes vivant avec une déficience intellectuelle

  • Elena Anger, Candidate au doctorat en éducation musicale, Université Laval
  • Jean-Philippe Després, Professeur en didactique instrumentale, Université Laval 

Introduction

Selon l’Association américaine sur les handicaps intellectuels et de développement (AAIDD), la déficience intellectuelle se caractérise par des limitations significatives dans le fonctionnement intellectuel et le comportement adaptatif[1]. Certains syndromes d’origine génétique, notamment le syndrome de Down et le syndrome de Williams, ont comme caractéristique principale la déficience intellectuelle. Cette condition, qui apparait souvent avant l’âge de 22 ans, peut restreindre la participation des jeunes à diverses activités, y compris musicales. Pourtant, la musique avec ses rythmes et ses mélodies, offre un monde d’expression et de développement unique pour eux.

Développé par Christopher Small, le concept de « musiquer » met en lumière l’importance des relations humaines dans l’expérience musicale. Il ne s’agit pas seulement d’écouter ou de jouer de la musique, mais aussi de s’impliquer activement dans sa création. Cette approche souligne l’importance de l’expérience musicale, notamment pour les jeunes vivant avec une déficience intellectuelle ou physique.

Défis rencontrés et intérêt pour la musique

Les jeunes vivant avec une déficience intellectuelle peuvent se heurter à des obstacles dans plusieurs domaines tels que la communication, les habiletés sociales, la cognition et la motricité. Ces difficultés peuvent constituer des barrières pour participer à des activités telles que des séances de musique. Malgré ces obstacles, beaucoup de jeunes montrent un intérêt marqué pour la musique. Par exemple, les personnes atteintes du syndrome de Williams font généralement preuve d’habiletés musicales remarquables (Hooper et al., 2008a ; Hooper et al., 2008b).

L’acte de musiquer mobilise diverses capacités comme l’audition, la coordination sensorimotrice, la vision, la mémoire et les émotions. Il permet de s’exprimer au-delà du langage formel et a montré des bénéfices dans les sphères psychoémotionnelle et sociale, ainsi que dans les domaines moteur, langagier et cognitif.

Regardons de plus près les interventions musicales qui sont les mieux adaptées pour des jeunes vivant avec une déficience intellectuelle.

Les interventions musicales auprès de jeunes vivant avec une déficience intellectuelle

Ces interventions musicales peuvent relever de la musicothérapie (en majorité), de l’éducation musicale ou prendre une forme interdisciplinaire incluant un autre domaine artistique tel que la danse ou le théâtre.

La musicothérapie utilise la musique pour améliorer la santé psychologique et le bien-être des participants. Les thérapeutes se concentrent sur les besoins particuliers des participants. Quant à elle, l’éducation musicale, dispensée par un enseignant en musique, se concentre sur le développement d’habiletés musicales et techniques. Cependant, les activités sur le terrain en éducation musicale peuvent parfois se chevaucher avec celles de la musicothérapie pour mieux s’adapter aux besoins des jeunes. De plus, les bienfaits émotionnels et psychologiques liés à l’acte de musiquer peuvent aussi contribuer au bien-être des jeunes, ce qui explique que les frontières entre ces deux approches sont parfois poreuses (Peters et al., 2021).

Les interventions peuvent être passives (écoute de musique en direct ou préenregistrée) ou actives (création musicale, interactions musicales entre le jeune et ses pairs et/ou l’intervenant. Elles se déroulent en séances individuelles (le jeune et l’intervenant), en binôme (2 jeunes pour un intervenant), ou bien en petit groupe. Le parent du jeune peut assister aux rencontres dans le but de développer le lien parent-enfant par la musique. De plus, l’instauration d’une routine d’activités lors des séances favorise la compréhension et l’anticipation des participants, de même qu’un sentiment de sécurité en raison de leur prévisibilité (Johnels et al., 2021 ; Rushton et al., 2023). Les séances musicales peuvent inclure des activités telles que le chant, le théâtre musical, l’improvisation, l’exploration instrumentale (instruments Orff, guitare, piano, Boomwhackers, etc.) et aussi des activités de mouvements et de rythme (Rushton et al., 2023).

Les technologies en éducation musicale

L’essor des technologies modernes a enrichi l’éducation musicale, en particulier pour les jeunes ayant des besoins spécifiques. Des outils numériques tels que l’Orba 2[2] ou le Cosmo[3] ouvrent de nouvelles voies dans l’apprentissage musical. Ces instruments numériques ne sont pas seulement des moyens de produire des sons, mais des portes ouvertes à l’innovation et à la créativité. Ils permettent une variété d’activités allant de l’improvisation à l’orchestration, en passant par l’exploration de divers sons et instruments (Kossyvaki et Curran, 2020).

Par exemple, le Cosmo avec ses lumières colorées est particulièrement attrayant pour les jeunes qui sont plus réceptifs aux stimulus visuels qu’auditifs. Cette caractéristique illustre parfaitement l’approche multimodale de ces technologies : elles ne se concentrent pas uniquement sur l’apprentissage d’un instrument, mais cherchent à engager le jeune sur plusieurs plans sensoriels. Cette stratégie multimodale a démontré son efficacité, surtout dans le développement cognitif des jeunes, en leur offrant des expériences riches et diversifiées, stimulant ainsi leur plein potentiel d’expression et d’apprentissage (Johnels et al., 2021).

L’évolution de la recherche

De la même manière que pour l’utilisation des technologies en éducation musicale, des études récentes mettent en lumière l’importance des activités créatives en musique, telles que l’exploration libre d’instruments de musique via l’improvisation et la composition. Ces activités stimulent l’imagination et éveillent le potentiel créatif des jeunes. Cette liberté d’expression augmente leur motivation et renforce leur attachement à la musique (Després et al., sous presse ; Johnels et al., 2021; Wong, 2021b).

Par le passé, certaines études se concentraient davantage sur la capacité de la musique à modérer les comportements inappropriés chez les jeunes. Cependant, les recherches actuelles se penchent plus sur les effets positifs de la musique sur le développement des habiletés et du potentiel des jeunes, souvent sous-estimés (Després et al., sous presse). On observe que la musique contribue au développement global des apprenants, en commençant par les aspects psychoémotionnels et sociaux et en étendant son influence aux domaines moteurs et cognitifs.

Les bienfaits psychoémotionnels et sociaux

Sur le plan psychoémotionnel, des études montrent que la participation à des interventions musicales actives en musique peut avoir un impact positif considérable sur le comportement et les émotions des jeunes. Elles aident à réduire les comportements agressifs et les réactions de protestation, tout en améliorant la gestion des crises émotionnelles. Les jeunes deviennent plus tolérants face aux échecs et montrent une diminution de l’anxiété se traduisant par des comportements plus calmes et une ouverture à l’activité musicale. La musique offre aussi un espace d’expression alternatif, précieux pour ceux qui trouvent la communication verbale difficile. Elle permet aux jeunes de mieux exprimer et gérer leurs émotions, telles que la colère ou la tristesse, à travers des moyens créatifs (Després et al., 2023 ; Hooper et al., 2008a).

Renforcement des interactions sociales

Participer à des séances de musique, surtout en petits groupes, favorise l’interaction sociale et renforce la conscience des autres. Les jeunes apprennent à coopérer et à créer des liens plus forts entre eux. Certains se rencontrent même en dehors du programme de musique et forment des amitiés à travers des intérêts communs (Murphy et McFerran, 2017). La communication verbale étant souvent difficile pour les jeunes vivant avec une déficience, la musique leur permet ainsi une autre forme de communication, facilitant l’interaction à travers des vocalises, des sourires, des contacts visuels et des gestes engagés dans le jeu et la créativité (Rushton et Kossyvaki, 2020; Johnels et al., 2021).

Développement d’une relation de confiance

Au fil des séances musicales, un lien précieux se tisse entre le jeune et l’intervenant, jouant du même coup un rôle clé dans leur développement personnel. Les jeunes réagissent positivement à la présence, à la vocalisation et au toucher de l’adulte, ce qui est essentiel pour construire une relation de confiance. Ce processus prend du temps et nécessite un engagement régulier, avec une séance hebdomadaire s’étendant sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le rôle actif des jeunes dans ces activités renforce leur confiance en eux-mêmes et envers autrui (Hooper et al., 2008a ; Johnels et al., 2021).

Impact de la musique sur l’épanouissement personnel et la découverte de soi

Lorsqu’on demande aux jeunes de partager leurs expériences musicales, ils expriment souvent leur plaisir à être avec d’autres personnes, à appartenir à un groupe et à tisser des amitiés. Leur perception des activités musicales est généralement plus positive que celles de leur entourage, ce qui souligne l’impact positif de la musique sur leur bien-être (Murphy et McFerran, 2017). En se plongeant dans la musique, ils s’engagent pleinement en tant qu’individus créatifs et expressifs, ce qui favorise un sentiment profond de bien-être (Carlson, 2016).

Musiquer, dans son essence, est une activité humaine qui procure du bonheur, du plaisir et des émotions profondes. Comme l’a souligné Higgins : « La musique, en sollicitant simultanément nos réceptivités physiques, émotionnelles et intellectuelles, nous fait nous sentir pleinement vivants »[4] . En explorant le monde de la musique, les jeunes découvrent non seulement une source de joie, mais aussi un moyen puissant de développer la connaissance de soi, la croissance personnelle et de trouver leur propre identité.

Les bienfaits de musiquer pour les capacités motrices, langagières et cognitives

Les études mettent en évidence que la musique, surtout lorsqu’elle implique des interventions actives, peut avoir des effets bénéfiques sur les capacités motrices, langagières et cognitives des jeunes. Bien que les expériences musicales de courte durée apportent certains avantages, c’est sur le long terme que l’on observe des changements les plus significatifs et durables.

Musiquer pour développer des habiletés motrices

Dans le domaine de la motricité, les séances musicales régulières favorisent une meilleure motricité globale et fine. Les jeunes apprennent à manier avec plus d’aisance des objets, avec par exemple une amélioration de la prise en main d’objets tels que les instruments de musique. On constate également une amélioration générale de la posture, un relâchement musculaire, plus de fluidité dans les mouvements, ainsi qu’une augmentation de l’énergie (Hooper et al., 2008a). De plus, certaines études ont montré une réduction de la fréquence des crises épileptiques chez les jeunes (Johnels et al., 2021).

Musiquer pour améliorer le langage

Musiquer offre également un terrain fertile pour le développement du langage. Chanter des chansons aide souvent les jeunes à mieux imiter des mots et à se faire comprendre que lorsqu’ils parlent. Des activités telles que le chant et la diction rythmique, qui impliquent de scinder des mots en syllabes et de les associer à des rythmes, sont particulièrement efficaces pour travailler sur la prononciation et l’articulation des mots (Hooper et al., 2008b).

Musiquer pour favoriser les capacités cognitives

Les activités musicales ont un effet notable sur les capacités cognitives des jeunes, en particulier sur leur attention et leur concentration (Hooper et al., 2008a). En participant à ces activités, les jeunes apprennent à faire des choix et à prendre des décisions de manière plus autonome (Johnels et al., 2021). Toutefois, il est important que leurs opinions soient prises en compte lors des séances, afin de mieux répondre à leurs besoins, leurs désirs et leurs attentes (Després et al., 2022; Dubé et Després, 2020). Leur donner l’opportunité de choisir, que ce soit l’instrument, le style musical ou le type d’activité, encourage non seulement leur autonomie, mais aussi leurs interactions sociales avec des pairs qui partagent les mêmes intérêts (Murphy et McFerran, 2017).

Exemple du camp musical extra-ordinaire

À titre d’exemple, le Camp musical extra-ordinaire (Université Laval, Québec), offre depuis 2020 des séances musicales informelles adaptées aux intérêts individuels des jeunes, par exemple, le choix des instruments, du style musical, du rôle joué et des activités. Ce camp encourage l’exploration et la créativité des jeunes, notamment par l’utilisation d’instruments technologiques innovants (Després et al., 2022).

Conclusion

Les activités musicales offrent de multiples avantages aux jeunes vivant avec une déficience afin d’améliorer leurs habiletés sociales, leur communication avec les autres et leur développement personnel. Elles peuvent les aider également à gérer des émotions difficiles comme l’anxiété, la colère ou la tristesse et encouragent des comportements plus joyeux et ludiques. En les impliquant dans des activités musicales alignées sur leurs intérêts personnels, on contribue à leur bien-être et à leur qualité de vie.

À savoir également

Il est intéressant de noter que certaines études ont également noté des bénéfices pour les intervenants, tels que les éducateurs qui travaillent régulièrement auprès de ces jeunes. Ils découvrent une nouvelle liberté dans leur approche pédagogique, s’éloignant de leur cadre de travail parfois rigide pour embrasser une expérience d’apprentissage plus ludique et interactive (Rushton et Kossyvaki, 2020).

Exemples d’instruments de musique technologiques :

En savoir plus sur la déficience intellectuelle :

Nos conseils pour optimiser le bien-être des jeunes en musiquant

1. Construire une relation de confiance : commencez par établir un lien solide de confiance avec les jeunes et leurs familles. Engagez-vous dans un dialogue continu avec les parents pour comprendre les approches à préconiser et les préférences de leur jeune.

2. Adopter une routine structurée d’activités : proposez une routine d’activités variées et multimodales, en incluant par exemple une chanson d’accueil et une chanson de clôture. Gardez un ordre similaire d’une séance à l’autre afin de créer un environnement prévisible et sécurisant. Impliquez les jeunes dans la détermination de cette routine dès le début des séances.

3. Choisir des instruments variés : offrez une gamme d’instruments variés et adaptés. Pour les jeunes ayant des besoins spécifiques en matière de motricité, choisissez des instruments facilement manipulables, comme les instruments Orff ou des instruments technologiques conçus pour leur facilité d’utilisation.

4. Prendre en compte les préférences des jeunes : écoutez activement les jeunes pour comprendre leurs intérêts et besoins musicaux. Cela peut inclure le choix de chansons qu’ils connaissent, l’exploration d’instruments nouveaux ou l’intégration de leurs intérêts personnels pour en faire des activités de rythme, de chansons ou de mouvements.

5. Planifier la fréquence et le ratio des activités : selon le type de déficience du jeune, envisagez des séances individuelles ou en petit groupe. Des séances régulières, idéalement plusieurs fois par semaine et sur plusieurs semaines, créeront un environnement stable et sécurisant. Ceci favorisera le développement de leurs habiletés dans divers domaines et leur permettra de vivre pleinement le plaisir et les bienfaits de musiquer.


[1] “Intellectual disability is a condition characterized by significant limitations in both intellectual functioning and adaptive behavior that originates before the age of 22.” (https://www.aaidd.org/intellectual-disability/definition)

[2] L’Orba 2 est un petit appareil qui contient des sons préenregistrés. Il permet également de s’enregistrer et de créer des boucles (https://artiphon.com/products/orba2)

[3]Le Cosmo consiste en des interrupteurs comportant des signaux visuels de couleur ainsi que des signaux auditifs reliés à un ordinateur. Ils peuvent être programmés pour faire jouer n’importe quel son ou musique. (https://www.explorecosmo.com)

[4] “Music, simultaneously engaging our physical, emotional, and intellectual receptivities, makes us feel fully alive » (Higgins, 2011, p. 121).

Références

Carlson, L. (2016). Music, Intellectual Disability, and Human Flourishing. Dans B. Howe, S. Jensen-Moulton, N. Lerner et J. Straus (dir.), The Oxford Handbook of Music and Disability Studies (vol. 1, p. 37–53). Oxford University Press.

Després, J.-P. et Dubé, F. (2020). The Music Learner Voice: A Systematic Literature Review and Framework. Frontiers in Education, 5:119, 1–13. https://doi : 10.3389/feduc.2020.00119

Després, J.-P., Julien-Gauthier, F., Jourdan-Ionescu, C., et Bédard-Bruyère, F. (2022). The Extra-Ordinary Music Camp: An informal online distance learning approach for children with intellectual and physical disabilities and learning disorders. Frontiers in Education, 7:913390, 1–13. https://doi: 10.3389/feduc.2022.913390

Després, J.-P., Julien-Gauthier, F., Bédard-Bruyère, F., et Mathieu, M.-C. (sous presse). Music and young people with intellectual disability: A scoping review. Psychology of Music.

Higgins, K. M. (2011). The music of our lives. Lexington Books.

Hooper, J., Wigram, T., Carson, D. et Lindsay, B. (2008a). A Review of the Music and Intellectual Disability Literature (1943–2006) Part One—Descriptive and Philosophical Writing. Music Therapy Perspectives, 26(2), 66–79. https://doi.org/10.1093/mtp/26.2.66 

Hooper, J., Wigram, T., Carson, D. et Lindsay, B. (2008b). A Review of the Music and Intellectual Disability Literature (1943–2006) Part Two—Experimental Writing. Music Therapy Perspectives, 26(2), 80–96. 

Johnels, L., Vehmas, S. et Wilder, J. (2021). Musical interaction with children and young people with severe or profound intellectual and multiple disabilities: a scoping review. International Journal of Developmental Disabilities, 1–18.

Kossyvaki, L. et Curran, S. (2020). The role of technology-mediated music-making in enhancing engagement and social communication in children with autism and intellectual disabilities. Journal of Intellectual Disabilities, 24(1), 118–138. https://doi.org/10.1177/1744629518772648 

Mino-Roy, J., St-Jean, J., Lemus-Folgar, O., Caron, K., Constant-Nolett, O., Després, J.-P., et Gauthier-Boudreault, C. (2022). Effects of music, dance and drama therapies for people with an intellectual disability: A scoping review. British Journal of Learning Disabilities, 50, 385–401. https://doi-org.acces.bibl.ulaval.ca/10.1111/bld.12402

Murphy, M. A. I. et McFerran, K. (2017). Exploring the Literature on Music Participation and Social Connectedness for Young People with Intellectual Disability: A Critical Interpretive Synthesis. Journal of Intellectual Disabilities, 21(4), 297–314.

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Rushton, R. et Kossyvaki, L. (2020). Using Musical Play with children with profound and multiple learning disabilities at school. British Journal of Special Education, 47(4), 489–509. https://doi.org/10.1111/1467-8578.12334 

Rushton, R., Kossyvaki, L. et Terlektsi, E. (2023). Music-based interventions for people with profound and multiple learning disabilities: A systematic review of the literature. Journal of Intellectual Disabilities, 27(2), 370–387. https://doi.org/10.1177/17446295221087563 

Small, C. (1998). Musicking: the meanings of performing and listening. University Press of New England.

Wong, M. W.-Y. (2021b). The ecology for fostering the musical creativity of students with 8 intellectual disabilities. International Journal of Music Education, 1–15. https://doi.org/10.1177/02557614211031255